Jacques Majorelle et Marrakech

La famille Majorelle est une lignée de merveilleux artistes. Le grand-père, Auguste, créait et concevait ses propres meubles, installé à Nancy. Puis il y a eu Louis qui reprend l’affaire familiale après des études à Paris et rajoute le travail de la faïence. Peu à peu il se forge une clientèle internationale autour de sa pratique de l’Art nouveau, avec les frères verriers Daum. Il crée la Villa Majorelle, à Nancy, premier chef d’œuvre complet de la nouvelle mode de l’Art moderne.

Il remporte un succès fou. Son fils, Jacques, est peintre orientaliste. Il naît à Nancy en 1886 et meurt à Paris en 1962. Il grandit dans le courant de l’Art nouveau et de l’Ecole de Nancy. Il part pour Paris en 1903 puis voyage vers l’Orient. Il découvre enfin le Maroc en 1917 et c’est le coup de foudre. Il s’installe à Marrakech.

Il n’aura cessé de peindre les couleurs marocaines. Il peint, il expose et édite même des ouvrages qui reprennent ses quêtes esthétiques. Il visite tout, explore les moindres recoins du pays, il aime l’art oriental, il aime l’Atlas, les gens, les jardins mauresques. C’est ainsi qu’il se fait bâtir une villa entourée d’un grand jardin. Il va penser et organiser le tout en fonction de son art, de ses goûts. Le jardin prend peu à peu forme, Majorelle peint la maison du bleu qui fait sa réputation et qui porte dorénavant son nom, le bleu Majorelle. il s’agit d’un bleu outremer franc, proche du bleu cobalt et adouci par une pointe de violet.

Ce bleu, la villa, le jardin sont internationalement connus. On vient du monde entier pour les visiter. Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé ont acquis l’ensemble en 1980 et la Fondation Bergé y a son centre. Le jardin Majorelle est un jardin mauresque qui compte environ trois cents espèces de plantes. Lotus, nénuphars, cactus, palmiers, bananiers, bougainvilliers gigantesques, bambous, agaves, caroubiers s’y côtoient et offrent un asile merveilleux aux centaines d’oiseaux qui y vivent.

Les fontaines succèdent aux jets d’eau, allées et pergolas offrent des parcours délicieux où se promener nonchalamment pour s’abandonner à des rêves d’orients merveilleux. Le jardin présente enfin un musée de la Culture berbère, riche et bien documenté. Après le décès de Jacques Majorelle, le jardin sombrera dans l’oubli puis renaîtra de ses cendres grâce à ses nouveaux propriétaires, fascinés par les couleurs et le charme de l’endroit.

Yves Saint-Laurent a affirmé qu’il doit à Majorelle d’avoir découvert la couleur, magnifique hommage à un autre créateur…